25 novembre 2015
Prélever des échantillons d’eau ou encore mesurer in situ des données physico-chimiques comme la température ou encore la salinité de l’eau de mer sur le littoral français n’est pas un exercice facile, loin s’en faut. D’autant plus que la mise en place du plan de surveillance des masses d’eau côtières, dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), a nécessité un déplacement vers le large des points de prélèvement du Réseau d’observation et de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines (REPHY), situés jusqu’alors sur l’estran. D’où des coûts de prélèvements forcément plus élevés. Or il existe à ce jour sur le littoral français environ 140 points de surveillance de la qualité des eaux dont la responsabilité a été confiée à l’Ifremer, la fréquence des prélèvements y étant au minimum de 2 fois par mois. Face à ce problème, l’unité de recherche Dynamiques de l’environnement côtier (DYNECO) du Centre Ifremer Bretagne, localisée à Brest, a donc émis l’idée de concevoir un engin spécifique pour ce type de mission. « Au sein du RDT (1) qui est une autre unité de recherche brestoise de l’Ifremer, nous concevons et réalisons des appareils de mesure et de prélèvement pour répondre aux besoins de nos collègues scientifiques », résume Patrick Rousseaux, ingénieur au sein de cette unité.
C’est ainsi qu’est né SPEEdoo, un drone marin long de 1,30 m, pour 36 cm de large, qui ne pèse que 15 kg et peut stocker jusqu’à 4 litres d’eau. Autrement dit, l’engin idéal pour être mis en œuvre par une seule personne, depuis la côte ou un bateau, afin d’effectuer rapidement et facilement des prélèvements d’eau en mer jusqu’à 500 mètres de la côte mais aussi de réaliser de multiples mesures in situ. « Grâce à la canne, dotée d’une partie flexible, qu’il traîne derrière lui, cet engin peut prélever de l’eau jusqu’à 2,5 m de profondeur, celle-ci étant stockée ensuite dans une poche stérile », explique son concepteur qui précise que l’eau est prélevée à l’aide d’une pompe spécifique permettant de ne pas l’altérer. Quant aux déplacements de ce drone marin, il est tout simplement soumis aux règles classiques de la navigation. « Il s’agit de naviguer en bon marin, autrement dit, garder le contrôle visuel de l’engin et le contrôle des commandes afin de pouvoir réagir en fonction des événements, c’est-à-dire le dévier, voire l’arrêter », indique l’ingénieur de recherche de l’Ifremer.
Pour le RDT habitué à développer des outils qui ont déjà fait l’objet de commercialisation comme les flotteurs Arvor et Provor, produits à plusieurs centaines d’exemplaires par NKE, une PME située à Hennebont, dans le département du Morbihan, et à délivrer plusieurs licences chaque année, SPEEdoo apparaît d’ores et déjà comme une nouvelle réussite puisque Tecdron, une PME basée à La Rochelle s’est associée à l’Ifremer pour l’industrialiser et commercialiser ses premiers exemplaires courant 2016, sans doute à un prix inférieur à 10 000 euros. « Avec ma collègue Anne Daniel, chercheuse au sein de Dyneco et initiatrice de l’idée de ce projet, nous avons présenté SPEEdoo lors de différents colloques scientifiques. Beaucoup sont intéressés, notamment nos collègues qui travaillent sur l’eau douce, en particulier au sein de l’Onema (2), parce qu’ils ne disposent pas de ce moyen unique pour intervenir sur les fleuves, les rivières, les lacs et les étangs », observe avec enthousiasme Patrick Rousseaux.■
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© Ifremer/Stéphane Lesbats
Long de 1,30 m, pour 36 cm de large, SPEEdoo ne pèse que 15 kg et peut stocker jusqu’à 4 litres d’eau.