8 septembre 2015
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Sa carrière professionnelle, Pascal Boulanger l’a commencée en 1989, à Cadarache, au sein du CEA. Après un crochet par Oséo, l’ancêtre de la Banque Publique d’Investissement (BpiFrance), environnement propice à la création d’une entreprise, il retourne au CEA, mais cette fois-ci à Grenoble, avant de finir par rejoindre le centre de Saclay. Directeur adjoint d’IRAMIS, un institut de recherche de la Direction des Sciences du la Matière, sa mission y est d’identifier les pépites pouvant conduire à des transferts de technologies. A cette occasion, sa route croise celle de deux chercheuses du CEA, Cécile Reynaud et Martine Mayne. « Cette dernière avait travaillé précédemment en Angleterre avec le professeur Harold Kroto, co-lauréat du prix Nobel de Chimie 1996 pour la découverte des fullerènes. Son objectif était alors de développer un procédé particulier de synthèse d’un matériau ressemblant à un tapis de fakir constitué d’une multitude de nanotubes de carbone, tous alignés, une topologie spécifique dont dépendent ses performances » explique-t-il. Et c'est là qu'il décide de développer lui-même cette pépite.
Retour à la paillasse pour Pascal Boulanger afin de développer, en collaboration avec ses collègues du CEA et des chercheurs des universités de Cergy et de Tours, le procédé de fabrication du matériau utilisé dans les batteries ultra rapides de NAWATechnologies, la start-up qu’il crée en 2013 avec Ludovic Eveillard, le marketeur de ce binôme. Pour concevoir ce matériau il s’agit grosso modo d’aligner une multitude de nanotubes de carbone les uns à côté des autres afin d’obtenir des milliers de nano-canaux en parallèle. « En additionnant les propriétés de ces derniers on obtient alors un matériau anisotrope à très grande surface spécifique ayant la capacité de stocker plus de charges électriques plus rapidement », précise le président de cette entreprise, lauréate de plusieurs concours, en particulier du Concours Mondial de l’Innovation, classée parmi les 8 meilleures start-up pour représenter l’excellence française à l’international et qui a levé 4 millions d’euros dès juin 2014. Ce matériau, utilisable dans de nombreux secteurs, intéresse NAWATechnologies essentiellement pour le stockage de l’énergie, même si la jeune entreprise continue de travailler en collaboration avec le CEA sur d’autres applications potentielles.
A la fin de cette année, l’entreprise, localisée à Aix-en-Provence, devrait produire ses premières batteries. De la taille d’une canette et d’une capacité d’une dizaine de Wh, celles-ci renferment des rouleaux, chacun d’eux étant constitué d’un substrat d’aluminium revêtu d’une couche micrométrique du nano-matériau qu’a développé NAWATechnologies, le tout étant noyé dans un liquide électrolyte. Des batteries qui vont être utilisées en série à l’intérieur de modules destinés à équiper des bus des villes de demain. A titre de comparaison, Pascal Boulanger rappelle que le fonctionnement d’un bus doté de batteries lithium en nécessite 5 tonnes, ce qui occupe 10 places de passagers pour une autonomie de 250 km. D’où la nécessité de disposer d’un second bus pendant que le premier se recharge, une étape qui prend 8 heures. « Avec le type de bus que nous développons en collaboration avec une entreprise de la région Île-de-France, l’autonomie sera de 2 ou 3 arrêts, sachant qu’il se rechargera en 20 secondes pendant la descente et la montée des passagers », explique-t-il. Permettant à terme l’émergence de réseaux de transport à haute capacité, les batteries de NAWATechnologies pourront aussi, bientôt, être intégrées à des systèmes de sécurisation des réseaux électriques et permettre une meilleure gestion des énergies renouvelables dans les réseaux électriques. ■
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Pascal Boulanger, co-fondateur et président de NAWATechnologies
Cellules et module développés par NAWATechnologies
© NAWATechnologies
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