15 février 2016
Savez-vous ce qu’est l’odorologie ? Utilisée depuis 2003 par les services de la police judiciaire française, cette technique d’identification des odeurs humaines par des chiens spécialement entraînés permet de démontrer la présence d’une personne sur une scène d’infraction ou de crime. Rappelons que la sensibilité de l’odorat des chiens peut être de 200 à 10 000 fois plus grande que celle de l’homme. Qui plus, l’odeur humaine est propre à chaque individu. Le problème est que jusqu’à présent, il n’existe aucun standard international concernant l’entraînement des chiens et leur utilisation dans les enquêtes. D’où par conséquent des réticences à considérer cet indice comme un élément de preuve.
C’est donc dans ce contexte que des chercheurs du Centre de recherche en Neurosciences de Lyon (CNRS/Université Claude Lyon 1/Inserm) ont décidé d’analyser les données concernant les performances des chiens face à une tâche d’identification d’odeurs collectées depuis 2003 par la Sous-Direction de la Police Technique et Scientifique (SDPTS) d’Ecully. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue PLOS ONE du 10 février dernier (1), montrent que suite à un programme d’entraînement d’une durée de 24 mois, au cours duquel ils doivent apprendre notamment à faire l’association entre deux odeurs provenant d’un même individu, ces chiens parviennent à reconnaître l’odeur d’une même personne dans 80 à 90% des cas et ne commettent jamais d’erreur en la confondant avec des odeurs de personnes différentes.
En moyenne, à la fin des deux années de cet entraînement, les chiens parviennent à reconnaître deux odeurs provenant de la même personne dans 85% des cas. Quant aux 15% d’absences d’association, ils résultent majoritairement soit de la qualité du prélèvement soit de l’odeur elle-même, mais en aucun cas d’un déficit de reconnaissance de la part de ces chiens. Chez ces derniers, les chercheurs ont également mis en évidence que les bergers allemands étaient les plus performants, sans doute parce qu’ils sont plus disciplinés et attentifs que les bergers belges malinois. Ajoutons que dans les 522 cas où l’odorologie a été utilisée depuis 2003 par le SDPTS, celle-ci ayant permis de résoudre 162 affaires judiciaires, les odeurs prélevées dataient de quelques heures, voire de quelques jours. Aussi les chercheurs souhaiteraient-ils à présent étudier les performances canines sur des odeurs plus anciennes, stockées dans des odorothèques, parfois pendant plusieurs années.■
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(1) Rigorous training of dogs leads to high accuracy in human scent matching-to-sample performance, Sophie Marchal, Olivier Bregeras, Didier Puaux, Rémi Gervais et Barbara Ferry. PLOS ONE, 10 février 2016.
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© DGPN – SICOP
"Après avoir flairé une odeur de référence, le chien parcourt une série de cinq bocaux dans lesquels sont placés des odeurs humaines dont une correspondant à l’échantillon. S’il reconnait l’odeur de référence dans l’un d’eux, il se couche devant. Dans le cas contraire, il ne s’arrête pas."