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Yves Metz

Ingénierie

28 juin 2016

L’ingénierie, une formidable aventure humaine

Avec un effectif de 1700 personnes et un chiffre d’affaires de près de 200 millions d’euros, dont 21% réalisés à l’international, Ingérop est l’une des plus grandes entreprises françaises du secteur de l’ingénierie de la construction. A l’occasion de la présentation de ses résultats de l’année 2015, son président, Yves Metz, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, nous fait découvrir cette entreprise, impliquée dans de nombreux projets d’envergure à la surface du globe et dont l’une des forces est d’être indépendante, son capital étant détenu par ses collaborateurs, « des hommes et des femmes passionnés réunis autour de projets dont la mise en œuvre contribue à l’évolution du monde », estime-t-il.

Propos recueillis par Jean-François Desessard.

Yves Metz, Président Directeur Général d'Ingérop

  • Villes, transports urbains, ferroviaires, autoroutiers, aéroports, hôpitaux, sites industriels … Ingérop est largement présent dans notre quotidien. Et pourtant, si ce groupe est l’un des acteurs majeurs français du secteur de l’ingénierie, il reste peu connu du grand public. Comment l’expliquez-vous ?

 

Yves Metz - Ce constat ne me surprend pas. Notre travail est en effet beaucoup moins visible que celui d’un architecte qui, lui, est le concepteur d’une image et d’une fonctionnalité, ou encore celui d’une entreprise de construction qui, pour sa part, concrétise sur le terrain le travail de l’architecte. De notre côté, nous agissons en tant que concepteur technique d’un investissement ou d’un projet. Aussi notre travail consiste-t-il à étudier de façon globale, puis détaillée, l’ensemble des caractéristiques techniques d’un bâtiment ou d’une ligne ferroviaire à grande vitesse en y intégrant les dimensions environnementales ainsi que celles liées à l’exploitation ultérieure de ces installations. Certes nos métiers, où le « sur-mesure » est la règle, nécessitent des gens qui associent compétences techniques, vision créative et goût de l’innovation. Mais  l’ingénierie est avant tout un travail collaboratif réalisé par des équipes qui doivent en permanence savoir trouver le meilleur équilibre entre les différentes contraintes des projets que notre entreprise réalise ou dans lesquels elle est impliquée. Et je pense que ces projets sont autant de pixels qui définissent la véritable image d’Ingérop.

 

  • Selon les objectifs de votre projet d’entreprise « Ambition 2020 », l’international devrait représenter 25 à 30% du chiffre d’affaires de l’entreprise à la fin de la décennie. Quels sont les pays ou les grandes régions du monde que vous privilégiez ?

 

Yves Metz - L’Afrique, évidemment, parce que son développement est inéluctable. Aussi ce continent génère-t-il désormais près de 8% de l’activité du groupe. Nous y avons en particulier une implantation forte en Afrique du Sud qui s’est encore renforcée en juillet 2015 avec l’acquisition de iCE Tygerberg, basée au Cap. Aujourd’hui, nous disposons donc de 120 personnes réparties sur 4 agences dans un pays où nous poursuivons notamment la rehausse du barrage d’Hazelmere en utilisant une technologie sophistiquée dite de « Piano Key Weir », ce qui constitue une « première » dans ce pays. De petites équipes basées en Tunisie, en Algérie, au Mozambique et au Sénégal complètent notre présence sur ce continent où nous avons décroché plusieurs contrats significatifs, dont le Bus Rapid Transit system de Nairobi, au Kenya, le train urbain d’Abidjan en Côte d’Ivoire et l’Ambassade de France à Libreville au Gabon.

 

L’Amérique Latine est également une région phare pour Ingérop. Nous y sommes implantés, au Chili où est localisée notre filiale Ghisolfo. A Medellin, en Colombie, s’est achevée la construction de la ligne de tramway, un projet pour lequel on peut raisonnablement parler d’ingénierie de l’extrême, les pentes de son tracé topographique pouvant atteindre 13%. Le projet a été mis en service début 2016. Sinon, à Lima, au Pérou, nous avons déjà réalisé la moitié de notre mission relative à l’étude de faisabilité de la ligne 3 du métro de cette capitale. En Europe, l’entreprise est implantée en Espagne depuis près d’une quinzaine d’années où la construction du métro léger de Grenade est l’une de ses réalisations majeures. Ingérop est également présent en Suisse, via notre filiale GEOS mais aussi du fait de notre forte implication dans la construction de l’aile Est de l’Aéroport International de Genève dont l’une des particularités sera d’être un bâtiment à énergie positive. Au Monténégro, nous avons créé une filiale dans le cadre d’un projet de construction de 41 km d’autoroute dotés de 18 tunnels. Enfin, l’acquisition du Britannique Rendel Ltd, qui reste le fait saillant de l’année 2015, nous permet d’ores et déjà une mobilité et une dimension plus grandes à l’international.

 

J’ajoute que nous détenons depuis une quinzaine d’années une participation dans Ingérosec Corporation, au Japon, une société avec laquelle nous entretenons une collaboration assez régulière ces dernières années dans le secteur des infrastructures de transport. Enfin, nous avons créé l’année passée une société en Arabie Saoudite, pays dans lequel nous répondons à des appels d’offres depuis dix-huit mois et où nous sommes « Preferred Bidder », ou soumissionnaire privilégié, sur plusieurs contrats. Cela dit, la chute du prix du baril de pétrole a entraîné un ralentissement des investissements et la mise en stand-by de plusieurs projets.

 

  • Que retenez-vous de l’année 2015 et comment la qualifieriez-vous ?

 

Yves Metz - Au-delà de nos différentes opérations de croissance externe déjà évoquées et notre capacité à croître à l’international tout en maintenant un haut niveau de rentabilité, je soulignerai que c’est une année au cours de laquelle nous avons continué à préparer nos équipes aux outils de demain. Je pense évidemment au BIM (1) et à la modélisation tridimensionnelle, domaines dans lesquels nous sommes très impliqués, en particulier dans l’enseignement. Mais nous nous sommes préoccupés également de nous positionner sur de nouveaux métiers qui, à terme, vont nous permettre de répondre à la demande sociétale qui émerge dans un contexte de transition énergétique. Comment ne pas évoquer aussi l’installation de notre siège social dans de nouveaux locaux modernes situés à Rueil-Malmaison, à la périphérie de Paris, mais également des nouveaux bureaux de notre agence de Lille et de l’extension de ceux de Clermont-Ferrand. Autant de changements qui témoignent de notre volonté de favoriser concrètement la qualité de vie sur le lieu de travail de nos collaborateurs.

 

En termes de projets, ils sont nombreux, au-delà de ceux, déjà évoqués, dans le cadre de nos activités à l’international. Parmi les plus emblématiques, il y a le Grand Paris Express, dans lequel nous sommes engagés depuis l’origine et où nous avons renforcé notre présence au cours de ces derniers mois. Je pense évidemment au dédoublement de l’autoroute A9 à Montpellier qui, rappelons-le, est le plus grand projet autoroutier français en cours, mais aussi à la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Bretagne Pays de la Loire qui est l’un des 4 grands projets ferroviaires en cours en France.  Je citerai également la Canopée, au cœur du quartier des Halles de Paris, inaugurée au printemps dernier, le projet urbain Garonne Eiffel au centre de Bordeaux, Urbalad, le nouveau campus-RDI de Michelin à Clermont-Ferrand ou encore le Centre industriel de stockage en couche géologique profonde Cigéo, parmi les projets dont les travaux ou les études ont ponctué 2015, une année riche d’événements, certes, mais qui restera pour nous comme une année de combat. Car si l’ingénierie est une formidable aventure humaine, le contexte économique dans lequel elle se déroule nécessite que nos équipes se battent toujours plus pour convaincre.

(1) BIM ou Building Information Model

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