Image d’une tumeur en 3D.
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Chaque année le cancer tue environ 8 millions de personnes dans le monde. Dans le même temps, 12 millions de nouveaux cas sont enregistrés. Face à ce fléau, quelque 900 anticancéreux sont en développement chaque année. Mais avec un taux d’échec de 90%, seule une dizaine de molécules finira par sortir, les autres molécules développées n’étant pas assez efficaces ou trop toxiques, entraînant alors des effets secondaires. Dans ce contexte, Gaëlle Saint-Auret a décidé de miser sur l’ARN interférent (ARNi). Découvert dans le courant des années 1990, il est en effet capable de bloquer l’expression des gènes et de les rendre ainsi « silencieux ». Une perspective intéressante puisque la majorité des cancers est causée par des gènes défectueux. Aussi l’ARNi apparaît-il comme un outil efficace non seulement pour identifier à large échelle des cibles thérapeutiques mais aussi servir de traitement.
Ces cibles, le docteur Xavier Gidrol et les chercheurs du laboratoire Biomics, qu’il dirige au sein du CEA Grenoble, ont pu en identifier, « en particulier dans le cas du cancer de la prostate », précise Gaëlle Saint-Auret. Aussi le temps était-il venu de transférer ces technologies matures. D’où la création de Genel le 3 juillet 2014. Installée à Grenoble, au sein des locaux du CEA dédiés aux start-up, la jeune entreprise co-fondée par Gaëlle Saint-Auret et Celine Paillier, travaille aujourd’hui au développement et à la mise sur le marché d’une méthode d’étude à large échelle des gènes défectueux dans les cancers, en proposant du criblage fonctionnel. « Notre originalité est de travailler sur les tumeurs en 3D ce qui représente une véritable avancée scientifique et technologique », explique-t-elle. D’où une fiabilité accrue des résultats, celle-ci pouvant être multipliée par deux.
Côté traitement, l’objectif de Genel est de mettre sur le marché un agent de délivrance des ARNi à l’horizon 2017. Il s’agit en effet d’éviter que ceux-ci soient dégradés par certaines enzymes quand ils sont injectés dans le sang et puissent alors atteindre la tumeur. Des agents de délivrance sont aujourd’hui disponibles sur le marché mais leur coût reste trop élevé, en particulier pour les entreprises de biotechnologies. D’où l’idée de la start-up grenobloise de développer, en collaboration avec le Leti du CEA, son propre produit, le TAXIcure, plus facile d’utilisation, certes, mais dont le coût de production sera deux à trois fois inférieur à celui des agents de délivrance accessibles actuellement sur le marché. « Nous répondrons ainsi au besoin des entreprises du secteur des biotechnologies », s’enthousiasme-t-elle.■
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Gaëlle Saint-Auret au cours d’une manip en laboratoire.
18 mai 2015
© Genel
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